Ateliers de sensibilisation et de formation à OpenStreetMap et la géomatique libre à Conakry

Ce projet a fait l’objet d’un article dans le numéro 430 de la revue en ligne hebdoOSM.

Contexte

En République de Guinée, le projet OpenStreetMap est resté peu connu jusqu’à la crise humanitaire liée au virus Ebola en 2014 qui a fait plus 2 500 victimes. Pendant la crise Ebola, la communauté OSM mondiale s’est organisée pour cartographier de façon massive les zones affectées, et des activités de cartographie sur place avaient permis de faire émerger des compétences locales qui ont donné naissance en 2016 à l’ONG GéoSynapse qui par la suite, a notamment organisé des ateliers de formations réguliers et gratuits destinés notamment aux étudiants de géographie de l’université de Sonfonia. Un membre de GeoSynapse avait été convié lors des ateliers OSM et géomatique libres organisés à Bamako en mai 2017 par l’OIF/DFEN.

Par ailleurs, au cours de l’action OSM de l’OIF-DFEN à Cotonou au printemps 2016, une rencontre avait eu lieu entre l’équipe d’experts déployée pour assurer les deux ateliers de formation et deux membres de l’association des blogueurs de Guinée (ABLOGUI) présents dans la capitale béninoise. La restitution de ces enseignements à leur retour avait permis de faire émerger un collectif OSM auprès de certains membres de l’ABLOGUI, dont les activités sont axées sur la promotion du projet OSM et la réalisation de cartographie sur une base volontaire, dans le but d’asseoir une communauté large et de procéder à sa décentralisation dans certaines villes de l’intérieur du pays.

Si la Guinée avait été incluse au projet CarteInnov depuis l’année 2017, elle n’avait pas bénéficié jusqu’alors d’une action OSM financée par l’OIF/DFEN sur son territoire, en raison de son enclavement et de son réseau routier qui ne permettent pas d’y organiser des actions dans lesquelles les formateurs de formateurs peuvent se déplacer par voie terrestre, comme cela a pu être le cas à Ouagadougou, Lomé, Abidjan ou Cotonou. Cette action OSM organisée par l’OIF/DFEN du 1er au 13 octobre 2018 a donc constitué une opportunité de dynamiser les activités en cours, d’élargir la communauté OpenStreetMap Guinée et de renforcer les compétences locales, en incluant notamment des membres de GeoSynapse et de l’Ablogui parmi les formateurs et bénéficiaires. Ses effets ont été renforcés par la semaine supplémentaire à Conakry qu’a passé volontairement le coordinateur senior de la mission, membre des Libres Géographes.

Des ateliers de formation concentrés en un seul lieu au CNF de Conakry

Le Campus Numérique Francophone (CNF) sis à l’Université Gamal Nasser de Conakry (UGANC) de Conakry a été sollicité en amont pour la mise à disposition sur le temps des ateliers de sa grande salle de formation, dotée de plus de 25 places assises, d’un système de batteries palliant aux coupures de courant assez fréquentes à Conakry et d’une connexion internet dédiée à haut débit pour la Guinée. La possibilité d’effectuer un deuxième atelier en parallèle sur un autre site a été écartée, dans la mesure où les options disponibles, comme l’Université de Sonfonia, étaient situées nettement plus au nord de la capitale guinéenne, et auraient contraint l’équipe de formation à devoir affronter les problèmes aigus de congestion du trafic routier à Conakry lors des mouvements pendulaires des jours ouvrés.

Les ateliers ont accueilli un public de 26 bénéficiaires issus à la fois des secteurs public et privé, des milieux académique ou associatif : étudiants de géographie de l’Université de Sonfonia, membres de l’Association des Blogueurs de Guinée, enseignants, chercheurs, professionnels travaillant au sein de structures gouvernementales, d’autorités locales ou d’entreprises du secteur privé. Cette diversité vise à étendre les usages d’OSM et des données libres au sein des structures académique, gouvernementales et privées.

Le parcours de formation en géomatique a été articulé autour de la création et la réutilisation de données géographiques libres de la base OpenStreetMap, permettant aux bénéficiaires de maîtriser l’ensemble d’un flux de production partant de la collecte de terrain et la numérisation sur imagerie satellite à haute résolution à l’élaboration de jeux de données thématiques mis en valeurs par des styles d’affichage élaborés dans des cartes imprimables, la création de cartes web interactives personnalisées et partageables. Dans ce parcours, les bénéficiaires ont également été formés à des outils de contrôle qualité, la réutilisation de la donnée OSM (recherche, navigation, etc.) dans des applications d’ordiphones et sensibilisés à l’importance des Infrastructures de Données Spatiales pour le partage de jeux de données de référence répondant aux standards d’interopérabilité de l’OGC (Open Geospatial Consortium).

Des apprentissages incluant de la production de données géographiques sur deux territoires différents

L’équipe de formateurs a conduit le programme d’apprentissage de la production et la réutilisation de donnée géographique libre en travaillant à distance sur la sous-préfecture de Donghol Touma en Moyenne Guinée, qui avait subi une série d’incendies l’année passée, et sur le terrain dans le quartier de Dixinn Terrasse à proximité de l’UGANC. Ces deux projets aux objectifs et contextes (urbain/rural) différents ont permis aux participant-e-s d’appréhender différentes techniques de cartographie sur imagerie et de collecte de données. Le flux de travail associé à ces cas concrets a démontré à l’ensemble des participants toute la valeur de la contribution à un bien commun numérique libre tel que OpenStreetMap.

Par ailleurs, la semaine suivant la fin des ateliers, une rencontre a eu lieu avec le doyen de l’université de Sonfonia, le secrétaire général de l’université et le chef de département de géographie, notamment dans le but que les étudiants ayant bénéficié de la formation effectuent des séances de restitution au sein du futur laboratoire de géographie et du master pluridisciplinaire Espace, Temps et Sociétés avec le support des membres OSM Guinée les plus aguerris.

Des ateliers de renforcement destinés à l’équipe de formation et aux membres de la communauté OSM de Guinée

En marge des ateliers, en soirée ou la semaine qui a suivi pendant laquelle l’expert senior est demeuré volontairement à Conakry, des formations internes ont été également réalisées sur les aspects suivants :

• étapes d’une procédure d’import de données dans OSM, en prenant l’exemple d’un jeu de données récent concernant les services biomédicaux privés sur Conakry ;

• découverte de MapContrib, un éditeur de points d’intérêts OSM adaptable dont les attributs à renseigner peuvent être personnalisés ;

• concept des relations OSM, notamment celles concernant les lignes de transport publics ;

• création de la première ligne de bus dans OSM sur Conakry (et visualisable sur cette carte uMap) en utilisant les données collectées un soir par les experts guinéens de l’équipe de formation ;

• ajout d’article dans la lettre hebdoOSM en mode invité

L’organisation d’un atelier CarteInnov

Lors de sa troisième semaine de présence à Conakry, l’expert LLg a appuyé les référents locaux du projet dans l’organisation d’un deuxième atelier CarteInnov en Guinée dans les locaux de JatrophaBub, ONG affiliée à plusieurs réseaux nationaux et internationaux d’incubateurs, accélérateurs et de Fablab. Cet atelier a permis à la quinzaine de représentants de différents ministères (Enseignement Supérieur et Recherche, Investissements et Partenariats Publics Privés, Environnement), de structures numériques ou d’ONG guinéennes présents de connaître le projet, sa démarche ancrée dans le libre et la donnée qu’il contient déjà et les manières de l’exploiter.

Deuxième atelier à #Conakry en 2018 sur #CarteInnov par @big_hamda à #JatrophaHub : carte #opendata des acteurs de l'innovation numérique #francophonie #LesLibresGeographes hébergée dans #OSM, contribution avec #MapContrib https://t.co/wdWPQbzrBo pic.twitter.com/5AERjdmnTv

— SeverinGeo (@SeverinGeo) October 19, 2018